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CBD : le revers d’un succès fulgurant

  • 9 juil.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 juil.

Un marché en plein essor, des risques en hausse, et une réglementation trop souvent contournée.


Bonbons, huiles, e-liquides, gélules, chocolats, infusions… Le CBD s’est imposé dans notre quotidien comme la promesse douce d’un mieux-être naturel. Présenté comme un allié contre le stress, les douleurs ou les troubles du sommeil, il séduit toutes les générations : jeunes actifs, retraités, patients en quête d’alternatives, sportifs en recherche de récupération.


Mais derrière cette image apaisante se cache une réalité plus préoccupante. Depuis 2024, les signalements d’effets indésirables explosent, les produits non conformes se multiplient, et certaines intoxications nécessitent une hospitalisation. Chez Reguloo, nous avons décidé de faire le point : pour que l'information circule, et que la sécurité du consommateur redevienne une priorité.


Un produit naturel... mais un marché à risques


Le cannabidiol (CBD) est une molécule extraite du chanvre, sans effet psychotrope. Contrairement au THC, elle ne provoque ni euphorie, ni dépendance, ni altération de la conscience.


Cette image rassurante a permis au CBD d’investir de nombreux secteurs : compléments alimentaires, cosmétiques, produits à vaper, infusions, douceurs sucrées… Problème : cette expansion s’est faite sans garde-fous. Résultat ? Le consommateur est perdu entre produits autorisés, tolérés ou totalement interdits – et le flou profite parfois à des pratiques dangereuses.


2024 : l’année du basculement


Depuis le début de l’année, les centres antipoison (CAP-TV) et les centres d’évaluation en addictovigilance (CEIP-A) tirent la sonnette d’alarme. Les cas d’intoxications liés à des produits contenant (ou prétendant contenir) du CBD augmentent fortement.


Les effets signalés sont variés et souvent sévères :

  • Troubles digestifs : vomissements, douleurs abdominales, nausées

  • Troubles neurologiques : vertiges, perte de conscience, somnolence

  • Troubles psychiatriques : anxiété, agitation, hallucinations, idées noires

  • Cas critiques : crises convulsives, comas, hospitalisations en urgence


Certains accidents concernent des enfants ayant ingéré, par erreur, des bonbons au CBD. D’autres impliquent des adultes exposés à des substances illégales non mentionnées dans des e-liquides ou des fleurs « enrichies ».


Ce n’est pas le CBD, c’est ce qu’on y cache


Ce qui pose problème dans ces produits, ce n’est pas toujours le cannabidiol lui-même, mais ce qu’on y ajoute ou ce qu’on dissimule.


Une étude conjointe menée en 2023 par les CEIP de Lyon, Paris et Montpellier révèle des résultats édifiants :

  • 8 produits sur 10 ne respectaient pas la composition indiquée

  • Des taux de THC dépassant la limite légale de 0,3 % ont été détectés

  • Des substances interdites ont été identifiées : HHC, HHC-O, H4-CBD, MDMB-PINACA…


Autrement dit, un consommateur pense acheter un produit relaxant… et se retrouve exposé à des cannabinoïdes synthétiques puissants, parfois assimilés à des stupéfiants.


Une réglementation claire, mais insuffisamment respectée


Voici ce que dit la loi (France et Europe) :

✅ Le CBD est autorisé si la teneur en THC est inférieure à 0,3 % 

❌ Les cannabinoïdes de synthèse sont interdits 

❌ Les denrées alimentaires contenant du CBD (gummies, chocolats, boissons…) ne sont pas autorisées à la vente 

❌ Les allégations médicales ou thérapeutiques sont interdites sans autorisation ou preuve scientifique


Et pourtant… des centaines de références non conformes sont en vente libre : en ligne, dans des boutiques physiques, parfois même dans des distributeurs automatiques. Le décalage entre la réglementation et la réalité du marché est frappant.


CBD : ce que dit la loi… et ce qu’on retrouve vraiment sur le marché
CBD : ce que dit la loi… et ce qu’on retrouve vraiment sur le marché

Des formats attirants… pour des victimes invisibles


Certains produits CBD adoptent un marketing très (trop) séduisant : emballages colorés, formats ludiques, slogans rassurants… Résultat : les enfants sont exposés. Des cas d’intoxications graves ont été rapportés après ingestion accidentelle de bonbons au CBD, parfois laissés sur une table ou dans un sac à portée de main.


Un seul ourson gélifié peut suffire à provoquer une urgence médicale. Ce type d’accident est évitable. Mais encore faut-il que chacun ait accès à une information claire et transparente.


Le vrai danger : les cannabinoïdes synthétiques


Ce sont eux, aujourd’hui, qui inquiètent le plus les autorités sanitaires :

  • HHC (hexahydrocannabinol)

  • HHC-O, H4-CBD

  • MDMB-PINACA et autres "NPS" (nouveaux produits de synthèse)


Ces molécules, conçues en laboratoire pour mimer les effets du THC, peuvent être jusqu’à 10 fois plus puissantes. Leur toxicité neuropsychiatrique est élevée, tout comme leur potentiel addictif. Le problème ? Elles sont vendues sous des noms trompeurs, comme du « CBD nouvelle génération », sans mention claire de leur présence.


Toutes les formes de CBD sont concernées


La forme galénique influence le risque :

  • Vape / fleurs à fumer : effet rapide mais difficile à doser – risque élevé si substance illégale présente

  • Produits à ingérer (bonbons, huiles, gélules) : action plus lente, mais risque de surdose ou de contamination

  • Cosmétiques : pénétration limitée mais risque d’irritation sur peau lésée ou sensible


Aucune forme n’est sans risque. Toutes sont concernées par des signalements d’effets indésirables.


Réagir face à un effet suspect


Vous ou un proche ressentez un symptôme anormal après consommation d’un produit au CBD ? Voici les réflexes à adopter :

  1. Cessez immédiatement la consommation

  2. Appelez le 15 si les symptômes sont graves

  3. Contactez le centre antipoison au 01 45 42 59 59

  4. Conservez le produit suspect (emballage, flacon, numéro de lot…)

  5. Signalez l’incident sur signalement.social-sante.gouv.fr ou sur la plateforme Vigicare.fr


Chaque signalement peut contribuer à identifier un lot défectueux, un produit frauduleux, ou un circuit de distribution à risque.


Interface Vigicare – confirmation de déclaration et suite des étapes.
Interface Vigicare – confirmation de déclaration et suite des étapes.

Ce qu’on défend chez Reguloo


Chez Reguloo, nous accompagnons chaque jour des marques de cosmétiques et de bien-être à développer des produits sûrs, conformes et transparents. Nous croyons que la confiance des consommateurs passe par :

  • Une lecture rigoureuse de la réglementation

  • Un étiquetage clair et vérifié

  • Des tests de sécurité adaptés

  • Une traçabilité sans faille


Informer, encadrer, accompagner : voilà notre rôle dans un marché qui évolue vite, parfois trop vite pour garantir la sécurité de tous.


Ce qu’il faut retenir

  • Le CBD n’est pas une substance dangereuse en soi, mais le marché dans lequel il évolue l’est devenu.

  • L’explosion des intoxications est le symptôme d’un secteur mal contrôlé, pas d’un principe actif mal compris.

  • Il est essentiel d’informer et de responsabiliser, autant les professionnels que les consommateurs.

  • La conformité réglementaire n’est pas un obstacle, mais un outil de protection.


Chez Reguloo, nous restons vigilants.

Et nous continuerons de faire de l’expertise réglementaire un pilier de sécurité sanitaire, pour protéger les marques… et les utilisateurs.


Sources :

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